Noé Peyre

Le travail peint et dessiné de Noé Peyre, cet agrégé de philosophie polyglotte — combinaison déjà assez explosive pour rendre fou n’importe quel esprit normalement constitué — nous entraîne, avec une obstination presque féroce, dans les méandres des symboles qui, prétend-on, seraient universels, mais qui ne sont universels que parce que nous refusons obstinément d’admettre qu’ils ne le sont pas, ou qu’ils ne le sont qu’à force de répétitions, de martèlements, d’incantations. Et pourtant, affirme Peyre, nous avons tous le même ADN, presque le même ADN, un ADN si peu différent qu’on pourrait croire que ces différences infinitésimales suffiraient à nous faire basculer dans la folie, et elles nous y font basculer, naturellement, puisque nous sommes, selon lui, « Un », et dans le même mouvement « Infini », ce qui est bien la preuve que rien n’est stable, rien n’est tenable, que l’unité n’est jamais qu’une illusion prête à se fissurer au moindre choc.

Cette tension insupportable entre l’un et l’infini, entre l’unité proclamée et le débordement réel, traverse son œuvre de part en part, du minuscule au monumental, du crayon au pinceau, du feutre à la bombe, comme si aucun médium ne parvenait jamais à contenir ce flux incessant, et comme s’il fallait sans cesse en changer, multiplier les supports, multiplier les surfaces, multiplier les possibilités pour qu’au moins quelque chose se fixe, ne serait-ce qu’un instant, avant de se défaire à nouveau.

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